« Prétendre que [..] vous n’avez rien à cacher n’est rien d’autre que de dire que la liberté d’expression n’est pas essentielle, car vous n’avez rien à dire. »
— Edward Snowden (lanceur d’alerte)
C’est la phrase qui revient le plus souvent lorsque l’on évoque la vie privée en ligne. « Je n’ai rien à cacher », « je ne fais rien de mal ni d’illégal donc peu importe si on m’espionne ». C’est l’argument auquel se heurtent systématiquement les défenseurs des libertés numériques.
Pourquoi ne devriez-vous pas dire cela ?
D’un point vue des libertés individuelles
- Vous pouvez considérer que vous ne faites rien d’illégal, peut-être, sauf que ce n’est pas vous qui choisissez ce qui est mal. De plus, vous ne pouvez pas être certain que ce que vous faites aujourd’hui ne sera pas interdit demain. D’ailleurs que pensez-vous du capitaine Cousteau ?
- Parce que cette liberté est le fondement de nos démocraties. Le simple fait de la défendre pourrait devenir suspect ou même illégal…
- Parce que aujourd’hui, l’information recherchée n’est pas uniquement ce que nous disons, mais à qui nous le disons. Aussi le comportement de vos contacts, des contacts…de vos contacts peuvent faire de vous un suspect (Article Numérama [FR])
- La personnalisation des flux d’actualités via des algorithmes, alimentés par nos données, peut conduire à des manipulations à grande échelle et au phénomène de chambre d’écho et aux bulles de filtres. 70% du temps de visionnage sur YouTube est généré par leur algorithme de recommandation. Cet algorithme est aussi l’un des outils de radicalisation les plus efficace du XXIe.
La sécurité à tout prix
Les révélations d’ Edward Snowden ont démontré que l’écoute massive de la population est une réalité (Article Le Monde [FR]). On écoute tout le monde, pas seulement les terroristes ! En France, le terme vidéosurveillance a été remplacé par le terme vidéoprotection dans la loi. La protection est acceptée, la surveillance non ! Pourtant, il est important de comprendre que ces deux termes désignent un seul et même dispositif.
Le Cloud Act, adopté en 2018, permet aux forces de l’ordre américaines d’obtenir (d’un service Américain) les données personnelles d’un individu sans que celui-ci en soit informé, ni que son pays de résidence ne le soit, ni que le pays où sont stockées ces données ne le soit. Cela inquiète jusqu’au sommet de l’Etat Francais (Article Numérama [FR])
Du point de vue de la protection de la vie privée
Les services « gratuits »
Si c’est gratuit, c’est vous le produit !* Les annonceurs chercheront toujours à être le plus précis possible dans leur ciblage. Via le profilage, vous devenez, malgré-vous, un produit, dont on scrute les caractéristiques pour savoir si elles correspondent à notre cible. Vous avez l’impression que les prix des billets d’avion sont fixés à la tête du client ? C’est vrai, ils le sont ! Grâce à l’outil Google ITA QPX !
*Il y a « quelques » exceptions
Les réseaux sociaux
- Les règles de sécurité ou de confidentialité par défaut qui peuvent varier à tout moment révélant des informations qui auraient dû rester confidentielles.
- Ce que vous publiez et partagez n’est que la partie visible de l’iceberg…les autres données, bien plus intéressantes, comme les métadonnées servent à dresser un profil psychosociologique, vous classer.
Même si vous n’avez rien à cacher, il est probable que, dans la vraie vie, vous n’accepteriez pas que votre facteur ouvre votre courrier avant de vous le distribuer. Pourquoi donc acceptez-vous que les géants du net le fassent avec vos courriels* ?
*Google garde une trace de tous vos achats (confirmations, facture, billets d’avion etc) : https://myaccount.google.com/u/0/purchases?pli=1
Ressources :
#DataGueule / Big Data : https://www.youtube.com/watch?v=5otaBKsz7k4
Des questions ? D’accord ou pas d’accord ? Dites-le moi !
Dernière mise à jour : Mai 2019